« Le soutien à l’agriculture est une priorité », promet Annie Genevard
La ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, est arrivée au Sommet de l’élevage le 3 octobre 2024 pour apporter des premières réponses aux problèmes des éleveurs. Un fonds d’indemnisation pour les éleveurs ovins sera déployé. (Article mis en ligne le 03/10/2024 à 15 h 17, mis à jour le 04/10/2024 à 9 h 42).
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C’est une nouvelle ministre de l’Agriculture très attendue qui s’est rendue au Sommet de l’élevage ce 3 octobre 2024 à Cournon-d’Auvergne. Alors que l’élevage est en pleine crise sanitaire et que l’annonce de Lactalis de réduire sa collecte en France a été un tremblement de terre, Annie Genevard a promis qu’elle apportera des réponses dans son discours d’introduction lors de son arrivée.
Un fonds d’urgence d’indemnisation pour les éleveurs ovins
Prévoyant de déambuler toute la journée pour son premier jour, elle a annoncé lors de la visite du hall des ovins qu’un fonds d’urgence d’indemnisation sera mis en place. Elle a précisé qu’elle donnerait davantage de détails lors de son discours de clôture en fin d’après-midi, mais son montant sera précisé le lendemain lors de la venue de Michel Barnier. « La venue de la ministre d’Agriculture au Sommet de l’élevage, c’est normal. La venue du Premier ministre, c’est exceptionnel. Cela signifie qu’il a pris toute la mesure des difficultés que vous vivez en matière de crise sanitaire, climatique, météorologique », a insisté Annie Genevard.
La ministre a averti que cette annonce du Premier ministre sera donnée « dans un environnement budgétaire extrêmement contraint ». « J’espère qu’il sera au niveau de celui que j’ai demandé », a déclaré Annie Genevard. Elle a expliqué avoir travaillé ce montant après avoir échangé avec la Fédération nationale ovine (FNO) pour évaluer les pertes. « Ce fonds vise à reconstituer la trésorerie et à recapitaliser pour redonner des forces productives », a ajouté Annie Genevard. « Composer un budget, c’est établir des priorités. Le soutien à l’agriculture, c’est une priorité, je veux le dire et le faire entendre », a-t-elle insisté.
Le besoin de vacciner massivement
Il est possible que des annonces sur la vaccination suivent en fin d’après-midi ou demain. « Une immunité de masse passe par la vaccination », a-t-elle indiqué lors d’un entretien avec la presse, au milieu des ovins. « Il faut tirer des enseignements sur l’apparition d’une FCO 8 plus résistante et plus agressive faute d’avoir vacciné massivement », a-t-elle ajouté.
Sur un temps plus long, Annie Genevard a expliqué qu’un travail devait être aussi réalisé au niveau européen sur la prévention sans donner plus de détails. Car « l’État ne pourra pas mettre des sommes considérables contre des virus qui ne manqueront pas d’émerger ».
Après avoir été accueillie par la FNO dans le hall des ovins, la ministre a poursuivi sa visite dans le hall des bovins laitiers auprès des représentants de la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL). Une visite expresse qui s’est terminée avec près d’une demi-heure d’avance sur le programme prévu.
Le sanitaire, toujours le sanitaire
C’est dans le hall consacré aux races bovines allaitantes que la ministre s’est ensuite rendue. Salariat, installation, génétique… Annie Genevard était à l’écoute face à des éleveurs qui ont pris le temps de présenter leur filière, son fonctionnement, et leurs problématiques. Mais, comme chez les éleveurs ovins, le principal sujet de préoccupation est la crise sanitaire, et notamment ses conséquences sur les échanges commerciaux.
« Les principaux marchés sont ouverts grâce à des accords individuels entre pays, a rappelé Patrick Bénézit, le président de la Fédération nationale bovine. Avec une homogénéité permettant d’exporter sous conditions d’un test PCR négatif, le commerce serait plus fluide entre tous les pays européens. » Convaincue, la ministre s’adresse alors à son conseiller : « il faut bien noter ça, et l’aborder au prochain conseil de l’Europe. La stratégie du PCR négatif, c’est vraiment important. »
Un peu plus tard lors de la déambulation, sur le stand de jeunes agriculteurs (JA), il est aussi question de sanitaire, et plus précisément de la vaccination. Le syndicat demande à la ministre « 100 % des bovins et ovins vaccinés et grâce à l’État, pour les épizooties qui circulent en France ».
« Je ne peux pas mettre un milliard d’euros dans la vaccination, répond Annie Genevard. L’État est au rendez-vous et propose des stratégies. À part l’Espagne, aucun pays européen ne met à disposition des vaccins FCO 3 comme on le fait. Il y a des choses qu’on ne peut pas faire, comme prendre en charge chaque année tous les vaccins pour tous les virus. »
Une jeune éleveuse rebondit : « Si nous n’aidons pas avec les vaccins maintenant, c’est notre souveraineté alimentaire qui sera remise en cause demain quand nous n’aurons plus de cheptel pour produire ».
« Ce n’est pas négligeable non plus chez les bovins »
Sur le stand de la Confédération paysanne, c’est aussi l’urgence sanitaire qui inquiète. « La FCO 3 est un drame, insiste Laurence Marandola, la porte-parole du syndicat. C’est d’une ampleur jamais vue sur la mortalité directe et les pertes indirectes. Nous attendons des réponses car certains ne se relèveront pas. »
La ministre de l’Agriculture affiche son soutien et assure la représentante syndicale qu’elle a « conscience que la filière qui souffre le plus est l’élevage ovin ». Laurence Marandola la reprend : « Ce n’est pas négligeable non plus chez les bovins. Nous attendons également des réponses sur la FCO 8 et la MHE. »
Les questions se concentrent aussi sur la disponibilité des vaccins. Annie Genevard explique que le laboratoire français en mesure de produire des vaccins contre la MHE et la FCO 3 « ne pourra pas le faire avant le mois de juin 2025. Nous pouvons avoir recours à un laboratoire espagnol, c’est pourquoi je vais rencontrer mon homologue là-bas. »
La porte-parole de la confédération paysanne confie à la ministre : « Ce que vous dites nous terrifie. C’est inenvisageable de devoir attendre le mois de juin pour avoir des vaccins. »
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